Cette communication met en avant les effets contradictoires de l’aide au développement sur la construction de nouveaux communs autour des savoirs et savoir-faire, à partir de l’analyse de projets de développement de la pisciculture en Guinée. La pisciculture paysanne mobilise en effet des savoirs et savoir-faire complexes et son développement, en Afrique, est intimement lié aux interventions de développement. Deux tendances sont aujourd’hui à l’œuvre : d’un côté, des interventions qui encouragent les processus de construction d’action collective autour des savoirs piscicoles aux échelles locale et régionale, de l’autre, une fragilisation de ces processus sous l’effet des comportements opportunistes et de la mise en concurrence des acteurs générés par le marché de l’aide. L’expérience de ces projets montre que l’enjeu n’est pas de financer des infrastructures mais les apprentissages et la formation et, au-delà, de prendre en charge les coûts de la construction de l’action collective, même lorsque la ressource à gérer – ici les savoirs – est immatérielle. Prise en charge des coûts de l’information ; prise en charge initiale des coûts de l’organisation collective pour permettre à des usagers de faire l’expérience des bénéfices liés à l’action d’un groupe ; appui à l’émergence d’une même vision du problème à régler, et mise en œuvre de dispositifs substituant dans le temps de l’action des interdépendances aux concurrences apparaissent comme autant d’enjeux pour l’aide au développement.