Le débat inachevé des historiens français sur les « lois mémorielles » et la pénalisation du négationnisme : retour sur une décennie de controverse
Résumé
This article goes back over the controversies about law and memory, particularly the ones relating to the criminalization of denial, which have divided French historians from the early 2000’s onwards. Discussing the respective positions of French historian associations such as Liberté pour l’Histoire (Freedom for History) and the CVUH (Committee of vigilance on the public uses of history), the article argues that the notion of “lois mémorielles” (memory laws), popularized in the same period mainly by opponents to any law relating to questions of history, should be avoided in order to clarify the debate. In the meantime, the article underlines that an active research policy on the question of genocides, rather than news law, could help efficiently fighting denial.
Cet article revient sur les controverses qui ont divisé la profession historienne en France, depuis le début des années 2000, sur la question des lois mémorielles, avant d’être relancées par la récente proposition de loi sur la pénalisation de la négation des génocides, dite loi Boyer. Il expose les argumentaires opposés d’associations comme Liberté pour l’Histoire et le CVUH, et plaide pour une mise à distance de la notion de « loi mémorielle » qui n’a jusqu’à présent guère contribué à clarifier les débats. Rappelant que la voie reste étroite entre la judiciarisation du passé et la licence accordée au négationnisme, il propose une politique active de soutien à la recherche comparatiste sur les génocides plutôt que l’instrumentation politique de questions aussi sensibles par la loi.
Origine : Fichiers éditeurs autorisés sur une archive ouverte