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DUMAS & TEL
are two repositories dedicated to research papers and Ph.D Thesis, and created by the technical unit CCSD (Centre pour la Communication Scientifique Directe - UMS3668) .

 

 

 
DUMAS
Repository for students' Research Papers (Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance)
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Last Research Paper submitted

« L'homme, cet être flexible, se pliant dans la société aux pensées et aux impressions des autres, est également capable de connaître sa propre nature lorsqu'on la lui montre, et d'en perdre jusqu'au sentiment lorsqu'on la lui dérobe. »

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En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.

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Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.

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S'interroger sur le clonage, c'est s'interroger sur ce qu'il produit, à savoir le clone, le double, dont il s'agira pour nous d'appréhender le sens et de voir en quoi cet être recréé, reproduit par clonage présente une figure complexe, en quoi il représente un être particulier, au statut quelque peu singulier. Il importe donc de définir ce que signifie, ontologiquement et symboliquement, l'action même de cloner et de définir ainsi ce que signifie l'existence d'un clone. En effet, la question du clonage ne peut être séparée de la question même du clone puisque sans clone, il n'y aurait pas lieu de parler de clonage. Par ailleurs, il nous faut définir ce qu'est scientifiquement le clonage. Nous montrerons alors que les définitions mènent parfois à des quiproquos et des illusions qui n'ont pas lieu d'être une fois le terme clairement défini.

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Les derniers écrits (1946-51) de Wittgenstein s'occupent principalement de philosophie de la psychologie et s'attaquent à certaines théories classiques de l'esprit, que les commentateurs qualifient de mythologies. Notre travail consiste à évaluer la possibilité de la présence de ces mythologies de l'esprit à l'intérieur des théories construites par les sciences psychologiques ainsi que les implications sur la psychologie que cette présence est susceptible d'avoir. En nous appuyant sur certains des points centraux de la critique wittgensteinienne (l'usage ordinaire, la distinction conceptuel / empirique, etc.), nous montrons qu'il est envisageable de dégager des thèses, d'inspiration wittgensteinienne, délimitant les prétentions de la psychologie. L'œuvre de Wittgenstein fournirait donc un outil, dans une mesure que nous nous efforçons d'apprécier, pour une mise en débat de la scientificité de la psychologie, en particulier des neurosciences cognitives.

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Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.

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Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.

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Nous proposons à travers ce travail de regarder la pensée philosophique comme étant essentiellement liée au phénomène d'ἀνάμνησις, c'est-à-dire au ressouvenir ou à l'anamnèse. Nous cherchons à repenser le propre du philosopher. Dans cette optique, philosopher signifie "se ressouvenir". Pourtant, l'anamnèse n'a pas affaire à la mémoire et aux souvenirs. Elle est expérience, à travers laquelle adviennent une vérité et un savoir. Notre point de départ se trouve dans une évidence de la pensée philosophique : la pensée a une histoire et s'enracine dans une tradition. Tout ce qu'on met devant la pensée, tout ce que la pensée prend comme tâche a un lien avec ce qui a été pensé auparavant ou fait référence à ce qui a été, qu'on l'admette ou non. Nous identifions, cachée sous la forme de cette évidence, une tendance de la pensée philosophique qui n'a pas été mise en question ou explicitée. Ainsi, philosopher c'est dans un certain sens se retourner vers le passé afin de le reprendre sous un jour nouveau. Ce point de départ trouve sa confirmation philosophique à travers une analyse "historique" : l'anamnèse chez Platon et Gadamer. C'est à travers cette façon de mettre à l'œuvre ce que l'évidence nous a dévoilé qu'on découvre que l'anamnèse décrit la recherche et la découverte de type philosophique. Pour Platon, l'άνάμνησις représente moins une actualisation d'un savoir tout fait, inné et latent, qu'une manière de reprendre quelque chose de "su" sous un jour nouveau. C'est donc ce mouvement "rétrospectif" qui rend possible le savoir et la vérité pour la pensée philosophique. Selon Gadamer, l'άνάμνησις platonicienne s'apparente à une re-connaissance. Ces deux analyses dévoilent une certaine "structure" que possède l'anamnèse, un certain mode d'être : elle se définit par le "re-". Il s'agit d'un re-vivre, re-connaître, re-conquérir, re-voir "à distance" la réalité. Ceci renvoie à l'idée de "voir" les choses "dans une autre lumière", ou faire une nouvelle expérience des choses qui apporterait un surcroit de connaissance. Le "re-" de l'anamnèse désigne le fait de re-faire une "expérience". L'anamnèse représente une expérience du philosopher. Philosopher et parvenir à un savoir signifie, dans ce sens, faire l'expérience de l'expérience.

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TEL
Repository for the archiving of Ph.D theses
(Thèses En Ligne)
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Last Ph.D. submitted

Après son installation à Chypre en 1192 en tant que suzerain de l’île, Guy de Lusignan centralise l’autorité militaire, afin d’instaurer la défense de sa nouvelle possession. En effet, l’île de Chypre a toujours fait l’objet de convoitises et de conquêtes. Poste avancé en Méditerranée, l’insularité de Chypre lui confère une protection naturelle face à ses voisins, ce qui ne l’empêche pas de subir des raids et des attaques de la part de ses voisins continentaux. Sous la souveraineté de l’Empire byzantin jusqu’au VIIe siècle, elle est conquise en 645 par les Arabes, puis récupérée en 965 par Nicéphore II Phocas. L’île accueille des guerres sur son sol au VIIe siècle, mais également des révoltes urbaines, notamment au XIe siècle. Ces révoltes isolées sont dues pour la plupart à l’éloignement de l’Empire. Les Chypriotes, Grecs pour la majorité d’entre eux, manifestent leur attachement à Byzance et rejettent de ce fait l’usurpation d’Isaac Comnène en 1184.

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By superposing medical history and economic history of medical lab services, this thesis reveals economic dynamics to be integral to medical and scientific research, teaching, and practice. The emergence of medical lab analyses as medical and economic entities within a theoretical framework of knowledge-based economies is achieved with a case study of Strasbourg's medical school Institut d'Anatomie Pathologique laboratories. A long duree historical analysis of material circulation, collection, and practices in pathological anatomy is intersected with a micro-history of the laboratories in the interwar period. The description and contextualization of a diversification of laboratory activities when research and teaching activities were complemented with commercial laboratory services, notably for the diagnosis of cancer, are portrayed with supply and demand dynamics and following the creation of the Centres Anticancéreux in France. The market for clinical laboratory work does not wholly fit (classic) models of scientific, medical, or commercial entreprises; the laboratory at the Institut d’Anatomie Pathologique was between science and service, institutional settings between medical school and hospital, practices between knowledge production and commercialization, exchanges between academic moral economies and commerical economies, products between material and intellectual, income between honorariums and fees. This thesis engages with and promotes an economic history of medicine in which money was not (openly) visible.

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Durant la première moitié du quatorzième siècle, la philosophie scolastique va engendrer une science mathématique nouvelle, celle de la latitude des formes, de la variation des formes entre les degrés de leur intensité. Un appareil logico-mathématique complexe est rapidement élaboré pour surmonter des problèmes de variations et taux de variations, de moyennes et de limites. La nature imaginaire sinon fantasque des problèmes approfondis à l’aide de ces méthodes nouvelles peut créer l’illusion qu’il y aurait chez ces auteurs scolastiques une indifférence au réel, abandonné à la faveur des subtilités d’une logique abstraite. C’est pourtant un tout autre visage que montre l’apogée de ce mouvement, le Traité des configurations des qualités et des mouvements de Nicole Oresme, composé autour de 1350 à Paris. L’intuition géométrique éclaire soudain l’aridité logique, l’imaginaire parcourt avidemment le monde de merveilles en merveilles : la nouvelle mathématique voit la magie dans la nature. La thèse que je défends est que l’objet mathématique nouveau révélé par Oresme, une intensité qui s’étend dans l’espace et le temps, une « configuration », n’est pas un simple outil technique commode : il exprime sous une forme pure une manière nouvelle et partagée d’envisager l’art, la nature et la surnature. Sa science ne s’ajoute pas à celles sur lesquelles elle se fonde, mathématique du nombre et de la grandeur, physique du contact et de la puissance, mais les transforment de l’intérieur, comme la polyphonie dépasse le plain chant. Analogie dictée par le texte : la nouvelle science explique le nouvel art naissant, elle s’accomplit dans une nouvelle vision harmonique du monde où formes et difformités se mélangent et se tempèrent mutuellement. Cette thèse doit donc être comprise comme un essai pour expliquer une révolution mathématique comme l’expression d’une mentalité qui tâtonne dans les autres champs de la culture humaine. Mais parce qu’Oresme tisse lui-même ces liens au fil du traité, il était important de faire le contraire de ce qui avait été généralement fait, la segmentation du texte, et de lire le traité dans toute son unité, pour saisir la signification de cette science si moderne et si étrange.

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Ce travail met au jour, grâce à l’analyse qualitative du discours, les procédés discursifs par lesquels les discours scientifiques et experts sur l’ingénierie climatique (IC) cherchent à « faire monde ». Nous abordons la prolifération des discours sur l’IC dans les années 2000 par le biais de leur lien avec la notion d’Anthropocène, popularisée par le prix Nobel de chimie Paul Crutzen. L’analyse de ces discours révèle l’articulation de plusieurs thèmes récurrents : l’inefficacité des mesures politiques d’atténuation, le catastrophisme, le rôle accordé à l’humanité dans les récits de maîtrise du climat (et donc dans le futur), et enfin l’IC comme concrétisation de cette promesse de maîtrise. Dans un second temps, nous montrons, à travers deux exemples (celui d’un ingénieur-chercheur, David Keith, et celui d’un think tank, l’American Enterprise Institute), l’intrication, chez les acteurs prônant le recours à l’IC, du scientifique et du politique, de l’expertise et du militantisme. Le discours expert permet dès lors de construire un monde dans lequel se dessine un futur possible de maîtrise technologique du climat, vision dans laquelle les scientifiques et ingénieurs sont érigés au rang d'administrateurs de l'environnement global.

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De nombreux travaux historiques s'intéressent à la vie et à l'œuvre d'Henri Poincaré (1854-1912), notamment par l'étude et la publication du corpus de sa correspondance, qui se compose d'environ 2000 lettres et qui comprend des échanges relevant du cadre académique, privé ou scientifique. Depuis plusieurs années, des travaux numériques se sont développés pour stocker, publier et exploiter les données de ce corpus par la mise en œuvre de standards et de technologies du Web sémantique, en particulier RDF RDFS et SPARQL. Lors de l'interrogation d'un graphe RDF plusieurs situations peuvent mener à une volonté de formuler des interrogations flexibles. Ce terme caractérise des méthodes de recherche allant au-delà des systèmes de recherche classiques, qui se cantonnent aux interrogations exactes et qui ne permettent pas ou peu d'exprimer des préférences utilisateurs. La contribution principale de ce travail de recherche s'intéresse à la formalisation, à l'étude et aux applications d'un mécanisme d'interrogation flexible s'appuyant sur l'utilisation de règles de transformation de requêtes SPARQL. Ce système permet, à partir d'une requête initiale, d'un graphe RDF et d'un ensemble de règles, de générer des requêtes SPARQL afin d'offrir des résultats alternatifs à ceux initialement retournés suite à l'interrogation d'un corpus. Les règles de transformation peuvent être génériques, et donc facilement transposables à d'autres graphes, ou être dépendantes d'un domaine d'application. Plusieurs outils s'appuyant sur ce mécanisme ont été développés pour assister l'exploitation numérique du corpus de la correspondance d'Henri Poincaré. Un outil d'aide à l'édition manuelle de données RDF a été implémenté pour assister cette tâche parfois longue et fastidieuse et comportant un risque d'erreurs significatif. Celui-ci s'appuie sur les connaissances du domaine et sur l'utilisation du raisonnement à partir de cas pour fournir une liste ordonnée de suggestions lors de l'édition d'un triplet RDF. Le système d'interrogation flexible défini a également été intégré à un outil de navigation, qui propose une interface pour l'exploration visuelle de graphes RDF, et qui exploite les similarités entre les ressources d'un graphe pour générer des filtres de recherche. Ces outils exploitent les connaissances associées au corpus de la correspondance qui sont intégrées à diverses règles de transformation. Au travers de l'utilisation de ce mécanisme, ces travaux s'interrogent également sur l'évolution des pratiques de recherche en histoire, et tendent à illustrer comment un tel système d'interrogation flexible peut contribuer à la méthode heuristique. Les méthodes et les outils proposés peuvent être appliqués pour d'autres corpus, en particulier dans le cadre de projets d'humanités numériques.

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Le chemin philosophique que je propose trouve son origine dans un questionnement proprement métaéthique. Il s’agissait tout d’abord d’interroger la signification de nos énoncés moraux en envisageant la défense d’une forme de réalisme moral, d’après lequel nos jugements moraux feraient référence à une « réalité morale » qui permettrait de déterminer leur valeur de vérité, faisant de ceux-ci des jugements à la fois normatifs et descriptifs. L’interprétation réaliste des jugements moraux pose cependant de nombreuses difficultés, qu’elles soient d’ordre psychologique, ontologique ou épistémologique. L’idée centrale de cette thèse fut d’explorer ces difficultés afin d’envisager la possibilité d’adhérer à une forme de réalisme moral. Néanmoins, cette exploration – qui constitue la première partie de ce travail – m’a mené à une impasse dans laquelle toutes les positions du spectre métaéthique me sont apparues aussi intéressantes qu’insatisfaisantes. Face à cette situation, un nouveau problème se révéla comme central, celui du désaccord entre pairs épistémiques dans un cadre philosophique : puisque toutes les positions métaéthiques sont, encore aujourd’hui, défendues par des experts du domaine, il m’a semblé capital de traiter cette difficulté avec l’intuition qu’une solution sceptique s’imposerait. Mais ce premier revirement fut lui aussi une source d’insatisfaction et, plutôt qu’une conclusion sceptique, il m’a amené à déplacer mon interrogation vers la philosophie elle-même : qu’est-ce que la philosophie ? que pouvons-nous en espérer ? Il s’agissait alors de comprendre mes insatisfactions successives à l’aune de ma conception de la philosophie – une recherche de la vérité fondée sur l’argumentation. J’explore ainsi, dans le dernier chapitre, la possibilité que la philosophie ne soit pas la recherche de solutions à des problèmes, mais le traitement – dans l’esprit de la tradition thérapeutique – d’embarras individuels que la pratique philosop hique pourrait, au mieux, faire disparaître. Ainsi le « succès », en philosophie, ne serait que son abandon – en tant que pratique individuelle, et non en tant que discipline – à travers la disparition de nos embarras philosophiques. Bien que n’ayant pas les moyens de défendre une telle conception de la philosophie, ces considérations – et, plus généralement, tout ce travail – furent, pour moi, une manière de faire disparaître mon embarras philosophique. C’est ainsi que s’est achevé, loin de son point de départ, le chemin philosophique qui fut le mien.

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Un certain nombre de philosophes ont soutenu que toute vérité peut être connue. Ils font valoir que la vérité ne s'applique qu'aux expressions linguistiques signifiantes et notre compréhension de ces expressions consiste en notre capacité à déterminer leur vérité dans les circonstances appropriées. Par conséquent, bien qu'il existe de nombreuses vérités que nous ne pouvons pas connaître en pratique, tout énoncé vrai est signifiant et donc connaissable en principe. Un argument logique simple dû à Frederic Fitch (1963) semble montrer que ce principe de connaissabilité se réduit à l'affirmation absurde qu'il n'existe aucune vérité qui ne soit jamais connue. Ce résultat, connu sous le nom de paradoxe de la connaissabilité, a fait l'objet d'un grand nombre de tentatives de résolution dans le cadre de la logique épistémique, et l'exposé et l'évaluation de ces solutions constituent une partie considérable de la présente étude. Cependant, son objectif premier est d'étudier les implications philosophiques du paradoxe. Je soutiens que l'intérêt principal du paradoxe ne réside pas dans la question de sa résolution potentielle, mais dans les perspectives que son étude offre sur les positions philosophiques qu'il est censé compromettre. La première partie de l'étude présente le vérificationnisme du cercle de Vienne avec un accent particulier sur la philosophie de Moritz Schlick et sa thèse de décidabilité universelle. La deuxième partie étudie le paradoxe de la connaissabilité et les stratégies qui ont été mises en avant pour le résoudre. La troisième partie est consacrée à l'anti-réalisme de Michael Dummett et tente de clarifier le rôle du principe de connaissabilité dans son défi bien connu au réalisme. La quatrième et dernière partie se concentre sur les approches du paradoxe qui sont directement motivées par les considérations vérificationnistes sous-jacentes au principe de connaissabilité. Plusieurs solutions vérificationnistes différentes au p aradoxe seront présentées, et leurs réponses diverses montrent que le raisonnement de Fitch touche à certaines des questions les plus fondamentales de cette philosophie.

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La thèse revient sur l’histoire mouvementée du réacteur nucléaire à neutrons rapides Superphénix, engagé en tant que « prototype à l’échelle industrielle ». Depuis les débuts du nucléaire, la technologie du réacteur à neutrons rapides a été liée à un imaginaire sociotechnique « surgénérateur », laissant entrevoir la possibilité de générer du combustible en parallèle de sa consommation. Cette technologie a suscité une abondante littérature engagée dans la controverse, mais peu d’analyses en sciences humaines et sociales. La recherche a été guidée par les questions : Par quelles opérations ce projet a-t-il été stabilisé et déstabilisé ? Comment le pouvoir de déterminer ce projet s’est-il déplacé en vingt ans, des années 1970 aux années 1990 ? L’enquête, sur documents d’archives en complément d’entretiens, porte sur un objet triple : le prototype Superphénix, le projet d’industrialisation de la technologie des réacteurs à neutrons rapides, et le cadre institutionnel des décisions autour du nucléaire. La thèse porte tout autant sur la décision de faire ce prototype, que sur la décision de le défaire. Le régime de l’économie des promesses technoscientifiques permet d’analyser la manière dont les promoteurs du projet ont assemblé les ressources pour son développement, creusant des sentiers de développement scientifiques et technologiques. Les décisions d’engagement ou de désengagement de Superphénix sont analysées de manière symétrique comme lents processus continus, respectivement de stabilisation ou de déstabilisation du projet sur une décennie, suivis d’un moment de décision gouvernementale clôturant ce processus grâce à un couplage avec un autre enjeu de politique publique, en 1976 et en 1997. Entre ces deux processus, objets de la première et troisième partie, le cas de Superphénix permet de saisir un moment de changements institutionnels, discrets et incrémentaux, dans l’encadrement du nucléaire en France. Au fil des années 1990, Superphénix a été constitué en démonstrateur de la « démocratie technique », avec l’ambition de mettre en œuvre transparence et conditionnalité accrue autour du nucléaire. L’analyse s’attache aux jeux de qualifications du « prototype à l'échelle industrielle », une définition laissant place à une grande latitude d'interprétations. L’attention à ce qui est inscrit dans la définition du prototype ouvre une réflexion sur l’innovation par prototypes et démonstrateurs. Son abandon a été mené par glissements de la promesse, constituant Superphénix en « point de passage facultatif ». Le travail nécessaire au désengagement d’une politique d’innovation technologique passe par la déqualification industrielle du prototype et sa requalification en objet épistémique.

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La factualité de la coexistence quotidienne, au sens de l’expérience commune qui se trouve de prime abord sous la dominance de la dissimulation et qui est donnée en premier à la phénoménologie comme champ de la recherche de la vérité de l’être, confirme l’hypothèse suivant laquelle l’être-dans-le-monde est la constitution fondamentale de la factualité de l’être-l’un-avec-l’autre. L’être-dans-le-monde-avec-les-autres détermine le sens de l’être du Dasein comme être-avec-autrui (Mitsein) et est la condition de possibilité des modalités impropres de la dissimulation et du découvrement. L’être-avec répond à la question de la constitution ontologique du Dasein : la structure de mon être comprend autrui, en vertu de la constitution même de mon être : être-avec-autrui (Mitsein). Mais il s’agit d’un rapport existential-ontologique qui est, selon la conception heideggérienne de l’être de l’existence humaine, la condition de possibilité du « monde intersubjectif », c’est-à-dire de toute relation intersubjective au sens de la relation empirique du je-tu. Sur le fondement ontologique de l’être-avec (au sens existential-ontologique), l’ensemble des comportements du Dasein (comportements langagiers, temporels, affectifs) se manifeste en corrélation avec l’être-là-avec des autres. C’est en ce sens purement existential-ontologique que l’on pourrait, en relisant le corpus heideggérien et en le prolongeant, parler de co-affection <Mitbefindlichkeit> du Dasein, l’être-avec des autres étant contemporain de l’être-avec de mon Dasein. En clair, le Mit (avec) accompagne tacitement tous les modes d’être de l’étant que nous sommes, y compris la solitude. L’une des conséquences de l’abandon heideggérien de l’intersubjectivité se trouve dans la conception du Mitdasein selon laquelle la coexistence factuelle du Dasein avec autrui structure aussi bien son être-même que ses comportements, au motif que l’être de l’être-là, en tant qu’être-avec, est inséparable de ses modes d’être. Cette connexion ontologique du soi-même à autrui explique, d’une part la possibilité négative de la dissimulation notamment dans le bavardage, et d’autre part la possibilité positive de l’expérience de la vérité, comme par exemple dans l’écoute mutuelle, l’entente mutuelle et la communication. Il n’empêche que la vérité de l’être se caractérise par son insaisissabilité, son abscondité comme l’atteste son mode de monstration : “elle se montre de façon dissimulée”. Ainsi donc, l’expérience de la vérité résiste à l’objectivation et à la volonté humaine de la posséder comme un objet. Cependant, elle ne parvient pas ouvrir la sphère de la coexistence avec autrui au-delà du monde à cause de la limite de la temporalité et de la finitude. D’où la nécessité d’ouvrir l’expérience de la vérité originaire au-delà de la temporalité à une altérité absolue qui revêt le caractère de l’éternité. Le sens de la liberté s’élargirait alors comme un mode d’être qui se manifeste positivement ou négativement dans trois directions : vers l’étant, vers l’être de l’étant et vers l’Amour pur, au sens de la Vérité première, éternelle et incréée, en un mot la Déité.

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Cette étude a pour but de démontrer que l'idée de "fin de l'Histoire'' a connu une histoire qui, au fil de ses conceptions de Kant à Fukuyama, en passant par Hegel, Marx, Comte, Cournot et Kojève, a vu cette idée passer d'une configuration initialement "prospective" à une configuration principalement "rétrospective". En d'autres termes, il s'agit de montrer que l'idée de "fin de l'Histoire'' a d'abord connu des conceptions qui projetaient l'avènement de l'ordre juridico-politique final dans l'avenir, avant de connaitre progressivement des conceptions qui comprenaient plutôt le telos de "l'Histoire'' comme étant d'ores et déjà actualisé.Dans ce but, il s’agira, en premier lieu, de proposer une définition, un concept idéaltypique de l’idée de “fin de l’Histoire’’, en mettant l’accent sur le fait que celle-ci présuppose une représentation de “l’Histoire’’, c’est-à-dire une représentation de l’histoire universelle comme étant polarisé par un telos immanent, qui lui donne son sens, à la fois signification et orientation. Dans un second temps, ce travail s’attachera à synthétiser la philosophie de “l’Histoire’’ de chaque philosophe abordé, avant de montrer en quoi celle-ci renferme une conception de la “fin de l’Histoire’’ qui, selon les cas, sera soit comprise comme un pas-encore à venir, ou un déjà-là contemporain. Dans un troisième temps, cette étude résume les caractéristiques de l'organisation juridico-politique chaque fois pensée, par chaque philosophe, comme celle dont l'avènement clôt définitivement le processus téléologique de "l'Histoire".En outre, cette enquête aura encore pour dessein de proposer une typologie des idées de "fin de l'Histoire'', sur la base de certains critères relevés au cours de l'étude, et de la résumer dans un tableau conclusif.Enfin, cette étude proposera de lire l’histoire de l’idée de “fin de l’Histoire’’ comme un moment dans la généalogie de ce que F. Hartog a nommé le régime d’historicité “présentiste’’.

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