Résumé : La prise de conscience de la communauté internationale et la convergence des données
scientifiques autour du réchauffement climatique rendent urgente la mise en oeuvre dans le monde
entier des technologies de réduction des émissions de gaz à effet de serre, notamment du CO2 dont
la concentration a augmenté de façon considérable depuis le début de l’ère industrielle (rapport
IPCC, 2007).
En Nouvelle-Calédonie la production de CO2 est en grande partie liée aux activités
minières et métallurgiques, que ce soit l’exploration, l’exploitation et les procédés de traitement
du minerai de Nickel (30% des réserves mondiales de type supergène). Cependant, cette
production de CO2 en Nouvelle-Calédonie n'est pas soumise jusqu’à ce jour aux contraintes liées
au Protocole de Kyoto, ce qui a permis un développement industriel basé sur le charbon. Le choix
de cette politique énergétique s’est imposé compte tenu des exigences des industries
métallurgiques en approvisionnement énergétique (flexibilité et fiabilité) et du coût aujourd’hui
relativement abordable du charbon, mais il implique une multiplication d’environ 2 (voire 3) des
émissions de CO2 déjà importantes du pays, alors que le monde se préoccupe de les diminuer. Afin
de concilier l’utilisation de ces ressources énergétiques et la maîtrise des émissions contribuant au
réchauffement climatique, la filière capture, séparation et stockage géologique du CO2 (CCS)
pourrait être une voie très prometteuse en Nouvelle-Calédonie.
Le stockage géologique du CO2 dans les bassins sédimentaires est actuellement considéré
comme l’option principale, en raison du grand volume et de la répartition des aquifères profonds
à l’échelle mondiale (cf; Bachu et al., 1994, Holloway, 2001). Cependant, cette technologie n’est
pas la seule envisagée et d’autres technologies peuvent s’avérer mieux adaptées, dans certaines
conditions, pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces dernières figure, la
séquestration minérale du CO2, sous forme de minéraux carbonatés, offrant une option
thermodynamiquement stable et fiable sur de très longues périodes de temps (cf. Matter et al.,
2007). Cette option demande néanmoins des environnements spécifiques contenant des minéraux
réactifs et source de cations divalents (Ca, Mg, Fe) susceptibles de conduire à la formation de
carbonates secondaires relativement insolubles. Les roches basiques (basaltes) et ultrabasiques
(péridotites, serpentinites) sont composées d’olivine et de pyroxènes, silicates de Mg, Fe et Ca,
qui présentent de fortes teneurs en ces éléments. Dans la nature, la carbonatation des roches
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basaltiques et des péridotites se produit dans des environnements variés et très bien documentés
comme l’altération hydrothermale (sources volcaniques, cf ; Barnes and O’Neil, 1969 ; Arnorsson
and Gunnlaugsson, 1985; Gudmundsson and Arnórsson, 2002); dans les systèmes océaniques
profonds (évents hydrothermaux océaniques, Humphris and Tivey, 2000 ; Kelley et al., 2005) et
au travers de l’altération de surface (Wolff-Boenisch et al., 2006 ; Gislason et al., 2006). Ces
processus sont communément associés avec les réactions d’hydratation et aux circulations
hydrothermales, que l’on observe dans les roches basiques et ultrabasiques (serpentinisation…) en
milieu marin (e.g., Alt and Teagle, 1999; Bach et al., 2004) et ophiolitique (e.g., Chavagnac et al.,
2013a,b) (cf. Figure 1, en Oman). Ils peuvent être observés en Nouvelle-Calédonie sous la forme
de nombreuses concrétions naturelles de magnésite dans les basaltes et serpentinites de l'unité de
Poya (le long de la côte Ouest) ou par la carbonatation et silicification de la semelle serpentineuse
de la base des massifs de péridotites par des fluides hydrothermaux.