, Enfin, la sécurité foncière reste tributaire des objectifs mouvants des gouvernements. À Rio de Janeiro, la politique de réhabilitation « Favela--Bairro » (1995--2005) a fait place à un retour à l'éviction pour l'accueil de la Coupe du monde de football, 2014.

, Mais en moins d'un siècle, la ville incrémentale a eu de moins en moins d'espace légal pour s'étendre, rendue illégale au nom de la lutte contre la précarité et d'une nécessaire organisation publique de l'urbanisation rapide et en raison de la dimension intrinsèquement politique des options urbanistiques. Les mouvements sociaux et la littérature scientifique critique appellent à déconstruire ces évidences. La néolibéralisation de la ville a fait réapparaître les thèses marxistes 36 et la notion de droit à la ville 37 , diffusées tant à l'échelle internationale dans le Nouveau programme pour les villes 38 qu'au sein d'associations locales -par exemple à Yangon. Pour une légitimation de la ville incrémentale, certains requièrent non plus des « villes sans bidonville », mais des « villes avec bidonvilles » (Cities with « slums » 39 ), considérés comme des espaces alternatifs de contre--culture, de rébellion et d'innovation nécessaires à l'urbanité 40 , et dont l'informalité est vue comme autant de ressources urbaines 41 . Des pistes sont explorées pour repenser les normes, Les villes non planifiées ont toujours existé aux côtés des villes planifiées et n'ont pas produit que de la précarité

J. Perlman, Repenser les quartiers précaires : concepts et conséquences de la marginalité

D. Harvey and L. , , 2011.

L. Voir-henri-lefèvre and . Droit-À-la-ville, Mise en ordre, mise aux normes et droit à la ville : perspectives croisées depuis les villes du Sud », Métropoles, p.21, 1968.

, Voir Valérie Clerc et Agnès Deboulet, « Quel Nouvel Agenda urbain pour les quartiers précaires ? La fabrique des accords internationaux sur l'urbanisation pour la conférence Habitat III », Métropoles, HS2018, 2017.

M. Huchzermeyer, Cities With « slums ». From Informal Settlements Eradication to a Right to the City in Africa, 2011.

J. Perlman,

R. Soares-gonçalves and «. , informalité comme ressources urbaine ? Le cas des favelas de Rio de Janeiro », EchoGéo n° 39, janvier-mars, 2017.

. Medellin, Planning for informal settlements ? », Training event au Forum urbain mondial de, 2014.

C. Simonneau, Enfin, des autorités saisissent l'opportunité de la montée en puissance de collectifs d'habitants proactifs pour s'articuler aux dynamiques existantes. Des réseaux internationaux de bidonvillois, organisés en milliers de groupes d'épargne communautaire, produisent aujourd'hui des connaissances sur leurs quartiers (cartographie, auto--enquêtes et comptages) et financent des projets d'amélioration, comme Shack / Slum Dwellers International (SDI, 14 millions de membres dans 488 villes et 33 pays) et Asian Coalition for Housing Rights (ACHR, 1,5 million de membres) avec le Community Architects Network (CAN). Ils travaillent avec les autorités locales, Communs fonciers urbains. Étude exploratoire des dispositifs collectifs d'accès et d'usage du sol dans les villes du Sud global, 2018.

, Alors que l'urbanisme cherche encore généralement à résoudre des questions sociales par des solutions spatiales, si on décale le regard des mégapoles, dont ces quartiers sont un marqueur, vers des petites villes incrémentales indiennes, où leur présence est également ancienne, on constate que les autorités locales remettent de facto en cause le slum comme catégorie spatiale : ils utilisent la catégorie officielle nationale du slum pour isoler et reconstruire les habitations précaires de ménages sous le seuil de pauvreté, indépendamment de la localisation ou non dans les espaces désignés. En Inde, comme au Myanmar, les outils numériques permettent aujourd'hui aux politiques visant les zones d'habitat précaires de commencer à s'affranchir d'une identification des ménages par leur localisation, À côté d'une réflexion sur les contours de cette catégorie dans la recherche ou le discours populaire 45 , l'analyse par les politiques interroge enfin la pertinence des motifs d'une séparation sémantique spatialisée du reste de la ville