Des relations entre agrégation, ruissellement et érosion sont souvent établies sur microparcelles (environ 1 m²), sous pluies simulées. Notre objectif était d’étudier ces relations en parcelles d’érosion (100 à 1000 m²), sous pluies naturelles. Ruissellement et érosion ont été mesurés pendant trois ans sur 14 parcelles au Bénin, au Cameroun et au Mexique. Toutes avaient une pente de longueur et de déclivité modérées et étaient sous végétation herbacée, mais elles différaient par le climat (pluviosité annuelle de 400 à 1600 mm), le type de sol (sol ferrallitique sablo-argileux, sol ferrugineux tropical sableux, régosol limono-sablo-argileux) et le mode de gestion (de la savane à la culture continue mécanisée). La stabilité des agrégats de l’horizon 0-10 cm a été déterminée par immersion puis tamisage dans l’eau d’échantillons préalablement séchés à l’air et tamisés à 2 mm. Dans l’ensemble, le ruissellement et l’érosion annuels moyens augmentaient, et le taux de macroagrégats (>0.2 mm) stables diminuait, avec l’ancienneté du défrichement, l’intensité du travail du sol et la dénudation du sol. Sur l’ensemble des parcelles, ruissellement et érosion annuels moyens étaient étroitement corrélés avec la stabilité des agrégats ; les corrélations étaient améliorées en considérant la pente et le climat en plus de l’agrégation. L’éclatement, principal mécanisme de désagrégation lors de l’immersion de sol sec dans l’eau, rendait donc compte de l’érodibilité au champ. La stabilité des agrégats de l’horizon de surface semble ainsi un indicateur pertinent du ruissellement et de l’érosion à l’échelle de la parcelle et de l’année, pour des situations sous végétation herbacée avec une pente modérée.